Raison nº21 : Je suis l'acmé familiale

L'une des fallacieuses raisons les plus souvent évoquées quand vient la nécessité de justifier son envie de se reproduire est celle d'amélioration. Les personnes interrogées souhaitaient mettre au monde un nouvel eux-mêmes, mais en mieux.

Nous reviendrons peut-être sur cette fadaise.

Étant moi-même l'amélioration grandement souhaitée de mes parents, je n'ai donc plus à tenter de poursuivre ce but de perfectionnement transgénérationnel. Ça y est, ils ont réussi. L'ensemble génétique qui est le mien est le mélange idéal entre leurs deux génomes, la sélection au hasard nonobstant réussie de leurs meilleurs allèles et l'oubli des moins favorables est parfaite. Je possède un corps robuste, polyvalent et esthétique tout ensemble dont je n'ai pas à me vanter, puisqu'il est entièrement le fruit de méioses parentales réussies. Sans oublier un esprit finement ciselé par un excellent terreau intellectuel constitué de ma famille tout entière et ses grandes sagesse et ouverture d'esprit qui m'ont permis de développer encore plus avant les compétences cérébrales extraordinaires dont les bons gènes aléatoires m'ont doté.

Certains pourraient me trouver quelque peu présomptueux, faisant ici la liste de mes parfaites facultés physiques et mentales. Je leur arguerai que ce sont eux les présomptueux, qui estiment que leurs gènes et leurs tendances sont suffisamment intéressantes et potentiellement améliorables pour être transmises à une génération suivante. Je ne fais que lister froidement, et constater les faits. En tant qu'être abouti, je ne vois plus d'intérêt à tenter de poursuivre une amélioration qui ne pourra plus avoir lieu, ayant atteint son paroxysme évolutif avec moi.

De même, les êtres moins parfaits que moi pourraient également avoir la décence de s'apercevoir qu'aucune amélioration n'est possible, quel que soit le nombre de descendants permettant un brassage génétique, et cesser avec eux la transmission de ces inachèvements.